La Revue du Cinema (1947)

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petites portes s'ouvraient et se fermaient à hauteur de ses tempes. Le voile se déchirait et laissait voir sur le mannequin, piqué par un couteau, un oiseau mort. Son itinéraire était maintenant tout tracé. Il s'enfuit, bondit dans l'escalier et pénétra dans la salle de bal. Le bruit strident dans sa tête se doublait, se triplait. La salle de bal était grande, nue, son parquet était bien ciré, quelqu'un venait d'y entrer ou d'en sortir en enjambant la fenêtre, les rideaux flottaient, mais peut-être n'était-ce que le vent. Dans sa tête le bruit s'arrêta et le silence qui lui succéda était épais comme la nuit : sous le lustre qui pendait très bas au milieu de la pièce, entourée de cristaux de roche, la mariée était étendue dans sa grande robe blanche, tachée de. sang à hauteur de la poitrine. Ah ! Ce voile n'en finissait pas de se déchirer et les portes de s'ouvrir, les unes après les autres. On eût dit de ces petites poupées russes qui s'emboîtent les unes dans les autres et dont, un instant, on croit qu'il y en aura toujours une plus petite à l'intérieur dé la dernière. Mais tout était immobile et silencieux. Il étendit ses bras en croix. Que savait-il faire ce visiteur sans identité, ce dieu sans nom, cet étranger? Il savait danser et dansa. D'un bond, il s'éleva et quand ses pieds à nouveau touchèrent le sol, il avait troqué son vêtement noir contre un costume triomphal. Il avait choisi d'opposer aux prodiges des armes également prodigieuses. Les cercles se déployaient, se confondaient, s'éloignaient, épuisaient toutes les combinaisons du mouvement. Sa course ne devait plus s'arrêter et l'arracha hors de lui-même dans une entreprise désespérée. Les plis de la robe de la mariée se mirent à frémir. La dentelle, la première, recevait les ondes et prêtait l'oreille au tourbillon. Si l'on avait regardé de très près, on aurait vu que le rythme introduisait un élément aqueux sur la tache de sang. Elle brillait à nouveau, s'humidifiait lentement et se mit à couler. La mariée souriait. Ses joues et ses narines se creusèrent un instant et puis un petit souffle passa entre ses dents serrées. Son sourire s'élargit : elle rendait la mort par la bouche. Elle ouvrit les yeux, se leva lentement et épousa peu à peu le rythme de la valse au son de laquelle elle avait été assassinée. Robert apparut sur le pas de la porte, portant dans ses bras le corps de Julien. Il l'assit sur un fauteuil et l'exhorta en vain. Julien n'avait pas envie de vivre. Dans le ciel, les oiseaux volaient comme ont toujours volé les oiseaux : à l'endroit. Sur le perron se tenait le laquais, il avait une bonne grosse tête de vrai chien bien vivant, il brossait sa livrée empoussiérée et leva bien droit en l'air un chandelier allumé, quand celui qu'il faut bien nous résoudre à appeler maintenant le danseur sortit, entraînant dans sa course Robert et la mariée. Ce fut d'abord une période de confusion et il est difficile de distinguer les pourquoi et les comment de tous ces petits actes qui s'accomplirent séparément dans le parc : la jeune fille demi-nue était debout, peignant ses longs 42 )