La Revue du Cinema (1947)

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Le triomphe du danseur. Ce fut une grande pitié, car là-bas, au bord de l'eau, nous étions en place pour la valse. Maintenant nous savions que pour le bon ordre, la tranquillité et l'harmonie des citoyens, il importait que les hommes soient des hommes et les chiens des chiens, que les jeunes filles aient des visages, que celui des amants vivants ne soit pas le même que celui des maris décédés et que ceux-ci ne viennent pas troubler l'ordre naissant et la félicité des mariées bien vivantes. Oui, nous étions en place pour la valse. Robert et la mariée étaient revenus de leur promenade en barque. Cela avait été une promenade ratée. Alors que leur esquif glissait au fil de l'eau, ils avaient cherché maladroitement à s'étreindre, mais ils étaient restés comme engourdis regardant fixement, l'une le médaillon avec le portrait de Julien que Robert portait au cou, l'autre la tache de sang sur la poitrine de la mariée. Ils étaient tous rassemblés maintenant autour du danseur qui s'avançait jusqu'au milieu de la pelouse qui bordait le fleuve. La lumière étincelait autour de lui, les instruments de l'orchestre s'accordaient. Tout allait se décider, cet instant de silence oîi chacun rassemblait ses forces était un instant de parfaite imminence. 45