La Revue du Cinema (1947)

Record Details:

Something wrong or inaccurate about this page? Let us Know!

Thanks for helping us continually improve the quality of the Lantern search engine for all of our users! We have millions of scanned pages, so user reports are incredibly helpful for us to identify places where we can improve and update the metadata.

Please describe the issue below, and click "Submit" to send your comments to our team! If you'd prefer, you can also send us an email to mhdl@commarts.wisc.edu with your comments.




We use Optical Character Recognition (OCR) during our scanning and processing workflow to make the content of each page searchable. You can view the automatically generated text below as well as copy and paste individual pieces of text to quote in your own work.

Text recognition is never 100% accurate. Many parts of the scanned page may not be reflected in the OCR text output, including: images, page layout, certain fonts or handwriting.

d'après les figures néo-gavarnesques de divers quartiers de Paris, sont également étiquetés par leur costume : l'épicier avec son tablier, le comptable avecses manches de lustrine, le chauffeur de taxi avec sa casquette de moleskine et les gars de Montmartre et de Ménilmontant avec la molle casquette du siècle, les petits employés à pantalons rayés et les marchandes des quatre saisons (Annabella dans Quatorze juillet) à tablier noir plissé en forme, enfin les nombreux uniformes habituels du sergent de ville, du facteur, du pioupiou, de l'encaisseur de la Banque de France, du pompier de service (qui jette son mégot devant l'écriteau Défense de fumer dans Le Million) ; vingt sortes de bésicles, postiches, couvre-chefs, tics et démarches individualisent et qualifient sommairement cette humanité gentille dont l'uniformisation progressive est idylliquement annoncée par A nous la liberté! après le retour à la tranquille époque fin-de-siècle du Million; et tout ce répertoire d'accessoires de toilette et de maquillage décèle bien le goût de Clair de jouer avec des personnages préparés, qui parlent d'eux-mêmes au public, sans paroles superflues. Éloquence du costume. Muets ou parlants, les films de Clair sont pleins de musique : du fameux quadrille du Chapeau de paille d'Italie aux chansons des rues de Paris et aux inoubliables airs d'Auric, d'un humour délectable, dans A nous la liberté. Clair en joue, dès son découpage, en costumant ses musiciens : à l'écossaise pour l'orchestre nègre de Fantôme à vendre, à grand renfort de moustaches pour les choristes d'opéra-comique du Million et de brandebourgs pour les tziganes; mais comment ne pas déjà songer à une musique légère, fleurie, brillante, polkante, valsante et redoublante à l'apparition de la bande du père La Tulipe dans son repaire du Million, intervenant bientôt, en habit noir, pendant le spectacle : avec le plastron empesé, le nœud papillon, le chapeau melon et l'énorme face du bagnard, du bagnard qui finit par pleurer tant le ténor chante bien (ou fort) ! Rappelons aussi la famille bourgeoise qui, dans Quatorze juillet, sort de chez elle en blanc, pour aller à la campagne, et qui est prise par la pluie ou qui, au contraire, se balade en imperméable sous le soleil ! Et le benjamin des enfants que les gosses accueillent aux cris de « vilain ! vilain ! » sans doute parce que, comme nous le remarquions avec Lubitsch au début, il est trop bien habillé... On ne peut nier que c'est aux hauts de forme, aux casquettes et aux képis, aux blouses et aux manchettes, aux tutus et aux boas, aux guirlandes de papier et aux ballons rouges, aux pancartes et aux enseignes, aux balcons et aux toiles de fond, aux uniformes et aux travestis, aux robes de mariée, aux pelotes de laine et aux balais de sorcière, à tous ces accessoires d'un magasin du costume toujours épousseté et renouvelé ainsi qu'aux jeux et divertissements qu'en tire René Clair qu'on reconnaît, dès l'abord, le style de ce subtil caricaturiste et moderne montreur de marionnettes. L'ÉROTiSME DU COSTUME. — Avcc Clair nous sommes revenus à la farce et donc au domaine de la comédie, plus facile pour la démonstration que celui du drame parce que plus universel. Universel aussi, cependant, malgré les divergences de tendance et les différences de mentalité des divers peuples, est le domaine de l'érotisme. Nous laisserons à chacun le loisir de retrouver. 102