La Revue du Cinema (1948)

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la même confiante assurance en face du vieux gentilhomme, elle lut la lettre qu'elle aussi avait reçue de l'aviateur le même jour que la mairesse : une lettre débordante d'un tendre lyrisme et évoquant les épisodes d'une idylle pleine de rêve, d'idéalisme, de résignation et de piété chrétienne... Les deux femmes, donc, avaient été concurremment aimées et trompées par Folco, et le retour de celui-ci devait rallumer en elles toutes sortes d'espoirs. Jusqu'à son arrivée inopinée, elles avaient vécu dans la religion secrète du héros disparu, tel un ange, dans les nues : chacune vénérant en lui des vertus exactement opposées; et, la femme du maire agissant sur le plan politique et social, la nièce de l'évêque agissant dans le domaine confessionnel et moral, toutes deux avaient travaillé avec la même chaleur à donner une forme tangible, artistique et définitive à l'admiration des Poranais envers leur illustre concitoyen! Hélas! pauvre Laura, pauvre Lydia! Folco revenait de la pacifique Helvétie au bras d'une femme jeune, vigilante, zélée, bâtie pour la lutte : Brigitte, dernière venue dans la série des amours de l'aviateur, fut la première à déceler sa véritable nature. Au lendemain de leur mariage, en effet, Brigitte comprit que son mari n'avait jamais perdu complètement la mémoire et qu'il avait joué la comédie pour laisser à la gloire le temps de couronner son front de lauriers, et à ses admirateurs le soin de matérialiser son souvenir dans une statue « criante de réalisme », comme le remarqua le journal du pays. Tout cela bel et bien réalisé, Folco avait fini par retrouver le fil des événements de son passé et s'était résigné à opérer le retour triomphal qu'il devait à la population de sa ville natale. D'éducation assez rigide, Brigitte avait été fortement surprise et même choquée de ses découvertes. Toutefois, bonne épouse avant tout et fidèle à son rôle d'infirmière dévouée corps et âme, le cas de son mari lui paraissant pathologique, elle ne voulut pas abandonner un homme qu'il était plus urgent de soigner que de blâmer. Mais, en présence de ses rivales, elle découvrit que les deux belles dames étaient restées dupes, l'une et l'autre, de la fourberie de Folco. Alors, par orgueil et pour le plaisir d'éprouver sa puissance, elle décida de leur raconter la vérité. Le voile tomba tout d'un coup des yeux des trois femmes qui firent alliance pour empêcher Folco de continuer son triple jeu. Cette offensive aboutit à une sorte de procès privé, au cours duquel Lydia, Laura et Brigitte accusèrent l'homme d'offenses et de défauts variés et même opposés : faisant apparaître les divers personnages qu'il leur avait joués, révélant les malices et astuces de ce galant imposteur trop heureux de profiter de ses dons excessifs pour la comédie. Presque écrasé sous le poids de ses responsabilités et de ses mensonges, Folco tenta d'opposer à ses assaillantes la noble figure du Ferrasco public : l'officier valeureux, l'aviateur audacieux, l'homme de marbre qui ne leur appartenait plus et qu'elles ne pouvaient attaquer sans ternir le renom de Porano ni sans trahir l'Histoire! Mais les trois femmes furent insensibles à la pompe de cette riposte et contreattaquèrent avec une véhémence accrue. A force de fervente et précise obstination, les deux premières avaient fait élever un monument synthétique en qui s'incarnaient les personnages de fiction offerts par le héros à leurs yeux abusés! Ce monument, toutes trois étaient prêtes, à présent, à le pulvériser, rien qu'en divulguant les faits! Comment Folco pouvait-il sortir de cette situation intenable? En s'envolant à 29