La Revue du Cinema (1948)

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cl'Orson Welles nous empêchent d'admettre la possibilité de reproduire cette œuvre dont la singularité n'est pas seulement déterminée par le personnage et l'acteur qui l'incarne mais par un ensemble d'éléments comprenant, entre autres, l'utilisation du talent du photographe (Gregg Toland) et des décorateurs (Van Nest Polglase, Percy Ferguson, etc.). Les œuvres de l'Erich Von Stroheim d'autrefois sont également uniques et, pour prendre encore un exemple chez les réalisateurs-acteurs, imagine-t-on une nouvelle version de la séquence de la faim à NewYork, dans Der Verlore^ie Sohn (Le Fils prodigue), de Luis Trenker? Le Farrebique de Georges Rouquier reste non moins inimitable, d'autant plus qu'un nouvel élément — le fond documentaire, l'actualité des images — est à prendre en considération dans ce film. C'est dans les vues prises sur le vif que le cinéma se révèle essentiellement art représentatif. S'il n'est guère facile de reprendre un rythme de montage .semblable à celui d'un film déterminé, il est en tout cas impossible de retrouver les circonstances et les conditions dans lesquelles ont été tournés telle scène d'un film ou ce film dans sa totalité. C'est pourquoi Man oj Aran de Robert Flaherty et Tabou de F. W. Murnau resteront uniques et inimitables dans l'histoire de l'art cinématographique. Citons aussi Hallelujah, de King Vidor, film qui veut être, en outre, un document sur l'homme, et La Tragédie de la Mine {Kameradschaji) de G. W. Pasbt, dans lequel la partie proprement documentaire du fond de la mine est reconstituée au studio, mais avec un sens parfois incomparable de la vérité. A cette liste, on pourrait ajouter certains films d'origine italienne, tournés dans les circonstances d'une après-guerre en continuel changement, tels que ceux de Rossellini, Vittorio de Sica, \^ergano, De Santis. L'actualité sociale et politique leur donne une importance énorme au moment de leur parution, importance qui risque de diminuer, une fois disparues les contingences (ou l'écho des contingences) qui les ont déterminés. De même Le Maudit {M.) de Fritz Lang est tiré, en somme, d'un fait divers : le cas du « vampire » de Diisseldorf ; mais dans une nouvelle version éventuelle de ce film, on ne retrouverait probablement plus, entre autres éléments artistiques, le masque expressif, si étonnamment adéquat au personnage, de Peter Lorre. Dans l'histoire de l'art en général, il existe ainsi des moments qui suscitent des œuvres d'un caractère particulier. L'expressionnisme, le surréalisme, par exemple, ont influencé le cinéma au delà même du mouvement dit d'avantgarde. Un film comme Caligari, de Robert ^\'iene, appartient d'abord par l'aspect typique des décors de \\'arm, Reimann et Rohrig, à la catégorie des films impossibles à refaire; encore qu'on puisse être tenté d'étudier le scénario de Karl I\Iayer et Hans Janowitz pour réaliser un film parlant dans lequel non plus le décor mais bien d'autres éléments proposés par la technique actuelle pourraient contribuer à recréer l'atmosphère hallucinatoire de cette histoire. A travers le style particulier des décors et le maniérisme des acteurs, l'influence du théâtre expressionniste allemand est évidente, dans Caligari, mais ce n'en est pas moins l'élément visuel, le style de la pri.se de vues qui donnent au film sa singularité. 34