La Revue du Cinema (1948)

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quant-à-soi de ces dames. L'effondrement, prévu d'avance après le saut manqué de Dumbo empêtré dans ses oreilles, prend l'ampleur d'un cataclysme qui pousse tout l'édifice du cirque dans la dévastation et le chaos. Du meilleur aussi dans l'innovation. Le rêve de Dumbo soûl constitue un essai surréaliste qui, malgré beaucoup de concessions au public, ne ressemble à rien de ce qui a été tenté dans le genre. Il est évident que le dessin anirné semble offrir au surréalisme un moyen d'expression idéal. Le surréalisme en effet établit volontairement une liaison entre le rêve éveillé, source habituelle de l'inspiration poétique, et le rêve endormi ou songe. Ces deux faits psychologiques ne sont d'ailleurs différents qu'en apparence. Ce n'est pas à tort qu'un même mot sert à les désigner dans la plupart des langues : rêve, dream, traume, sogno... etc. Tous deux sont le produit de l'imagination, c'est-à-dire, au sens propre du mot, de la partie de notre esprit qui crée des images. A Freud et à d'autres de déterminer par quel moteur l'imagination est mue. Mais l'expérience le démontre que ce moteur est le même dans les deux cas. Si certains jours nous sommes enclins à certaines rêveries, le sommeil nous apportera des songes correspondants. Cepsndmt, lorsque nous sommes éveillés, notre logique, à travers ces fameux principes rationnels qui forment la lunette par laquelle nous regardons le mor.dj, exerce sur nos rêves un contrôle très rigoureux, ce qui ne se produit pas dans le sommeil où notre raison ne fonctionne plus. Il en résulte évidemment que nos songes sont plus caractéristiques notre individualité psychologique que nos rêveries entachées de sens commun, c'est-à-dire propre à tous. Cela suffit, à mon sens, pour justifier, du point de vue de l'artiste, la méthode surréaliste préconisant le songe au lieu de la rêverie comme source d'inspiration. M lis l'écueil auquel se heurte la poésie surréaliste provient du fait que les images surgies du subconscient de l'artiste doivent se traduire consciemment par des mots, et quand il y a usage de mots, il y a raisonnement, choix, discrimination, comparaison. La logique, ce sens commiin à tous, vient dépersonnaliser les richesses du subconscient de chacun. Outre cela, il ne faut pas oublier que le problème est double et qu'il ne s'agit pas seulement, en art, de fixer des rêves mais encore de les communiquer. Le mécanisme inverse est donc à considérer : on peut ne goûter qu'imparfaitement la poésie surréaliste à cause de l'effort à faire pour s'abstraire du sens intellectuel des mots et ne voir que les images issues d'un état psychologique déterminé. Ce n'est pas l'enchaînement verbal mais le rapprochement insohte des objets qui est susceptible de provoquer une émotion; et l'on peut alors préférer, comme moyen d'expression surréaliste, la peinture à la poésie. Mais quand la poésie peut rendre le mouvement, la peinture fixe les images dans l'immobile. C'est donc tout naturellement le dessin animé qui se propose pour reproduire le plus complètement les rêves fugitifs tels que l'artiste les a conçus, c'est-à-dire sous forme d'images mouvantes et se transformant sans cesse les unes dans les autres. Sans doute le rêve de Dumbo est-il au surréalisme ce qu'un dessin de Disney est à un tableau de Masson. Je veux dire simplement que la recherche est d'ordre différent. Le côté grotesque de la réalisation est en quelque sorte la dorure de la pilule... que le public prend fort bien. Ce résultat appréciable est dû aussi à la présentation de l'absurde sous forme de ballet. La danse est encore aujourd'hui le seul art en face duquel les fausses élites ne demandent pas obstinément une signification à ce qu'on 70