La Revue du Cinema (1948)

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métriques, mais des caractères fondés sur ur.e parfaite connaissance des hommes et des milieux, de leurs rêves et de leurs cauchemars. Le cinéma exige de plus en plus ce minimum de vérité humaine sans lequel il étouffe; on a cessé de s'étonner en voyant des comparses quitter l'arrièreplan et s'imposer par le relief donné aux trois mots qu'ils ont à dire. Tout au plus entend-on son voisin de fauteuil s'exclamer : « Ce qu'il est nature ! » Avec Sirena, le metteur en scène tchèque Karel Stekly ne s'est pas attaqué à un thème inédit et n'innove pas non plus dans la technique. Le roman de Marie Majerova reprend un sujet proche des œuvres naturalistes du XI X« siècle : mineurs en grève, émeutes contre le méchant patron, charge de la police, douleur d'une mère à qui l'on vient de tuer son enfant; thèmes qui ne sont pas nouveaux non plus au cinéma, mais qui furent exploités sur le mode épique plutôt que réaliste depuis Le Cuirassé Potemkine et La Fin de SaintPétersbourg. On nous montre une émeute dans la région minière de Kladno, en 1889, époque à laquelle « les industriesclefs sont entre les mains des oppresseurs germaniques ». Révolte sociale donc (pour les quarante heures) et aussi soulèvement national (précurseur des légions de Masaryk). Le drame collectif est vu à travers une famille ouvrière dont le père boit et se laisse aller avec une drôlesse, dont les enfants distribuent des tracts et dont la fille aînée est amoureuse. La mère restera seule à la fin, pour lancer im cri de défi à la sirène qui hurle. Je m'excuse de ne pas avoir saisi les subtilités du dialogue, car j'ai vu la version originale parlant tchèque, sans sous-titres, qui fut présentée à l'exposition de Venise. Mais il me semble que les développements de l'intrigue en sont un peu gros : une foule paisible se déchaîne contre un policier qui malmène une lillette coupable d'avoir cueilli une fleur dans un endroit où c'est défendu; la foule va ensuite saccager la maison du patron pour se fa're alors charger par les « forces de l'ordre ». Sur le plan du tragique quotidien également, la ficelle est assez grosse : le père ivrogne qui rentre tard et veut battre sa femme s'amendera (parce que le regard de sa fillette l'accuse et qu'il a trouvé pendu le mari de sa conquête). Il se dévouera à la cause, sans utilité, mais pour le geste. Cependant, cette intrigue a le mérite de la simplicité et, une fois admise la méchanceté unilatérale de l'employeur, qui explique et excuse la révolte de l'employé, la peinture du milieu ouvrier y est émouvante, ainsi que le déroulement de l'action. Émouvante et convaincante : les prolétaires n'y sont pas vus par le petit bout de la lorgnette. Ils n'y sont pas non plus magnifiés en tant que personnages individuels, alors que les mouvements de foule y cherchent le grandiose propre aux chefs-d'œuvre du cinéma soviétique. Ce qui fait pour moi le prix de ce film, c'est avant tout l'effort vers l'authenticité et vers le style. Je viens de dire que, dans la façon de raconter, Stekly n'innovait pas. Mais le réalisateur emploie avec efficacité des procédés qui ont déjà fait leurs preuves et montre dans cette utilisation même une personnalité, alors que la caractéristique des suiveurs est le pillage, à contretemps, de toutes les techniques. Prenons des exemples. Voulant nous inspirer une sensation d'horreur et d'étrangeté, à propos d'une pendaison, il utilise le « contrepoint » d'un piano mécanique, dans la salle d'auberge 011 arrive le personnage hagard qui vient de découvrir le cadavre balancé au vent nocturne. La bande sonore, au lieu d'accompagner l'image par un motif funèbre, apporte avec cette musique aigrelette l'élément d'opposition qui accroît le choc émotif. Souvenez-vous de la mort de Charpin, dans Pépé-le-Moko, de cette main crispée qui déclenche le piano mécanique, même instrument au 72