La Revue du Cinema (1931)

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IL, J^. C O XX X_j IE XX IR, Elle a contre elle un grave défaut : c'est d'exister... A voir la tristesse de nos écrans voués à un deuil perpétuel, la monotonie du noir et blanc qui, s'il permet des effets magnifiques, n'est tout de même pas la seule interprétation de la nature, on se plaisait à imaginer quelle splendeur revêtiraient nos salles obscures lorsque le pinceau qui les traverse vibrerait de la palette infinie du créateur... Hélas, on nous a dit que le problème était résolu ; on nous a projeté des verts épinards et des rouges fraises écrasées ; nous avons eu le front de ne pas trouver cela beau, et depuis le malentendu existe entre les techniciens et le public. C'est que le problème de la couleur, à l'inverse de celui du relief, présente de nombreuses solutions possibles. Il était naturel qu'à peine celles-ci entrevues et appliquées, les industriels du cinéma cherchassent à monnayer la légitime curiosité du public et à présenter pour des résultats définitifs ce qui n était que des essais. Le propre de la technique de la couleur est d'être perfectible. Ce n'est pas une invention, comme celle du film sonore, qui, après une gestation plus ou moins longue, s'impose tout à coup avec l'évidence de la réussite. Ce n'est pas un domaine, comme celui du relief, qui semble hérissé d'obstacles, voire d'impossibilités. C'est un ensemble de recherches portant sur des points parfaitement déterminés, et si les difficultés et les complications sont grandes, on peut légitimement espérer qu'un jour elles seront résolues. Seulement qu'on ne nous dise pas que ce jour-là est arrivé. Donc exagération sensible, mais combien excusable, du côté des inventeurs, qui voudraient que leurs enfants fussent déjà parés de toutes les grâces de l'adolescence ; réaction compréhensible, mais parfois injuste du public, enfant gâté, toujours prêt à crier si l'on veut lui faire prendre des vessies pour des lanternes. Et. mon dieu, cela se comprend. Mais si j'ai prononcé les mots d' « excusable », d' « injuste », c'est que ce public ne se doute pas de la somme considérable d'efforts tenaces, parfois héroïques, qu'au prix de leur temps, leur argent et leur santé, quelques hommes, particulièrement en France, ont dépensée pour le satisfaire. Pour qui connaît l'histoire du procédé Berthon-Keller-Dorian, par exemple, il apparaît que cette recherche de la couleur, soutenue par la foi désintéressée des uns, les capitaux ou la spéculation des autres, est une illustration presque tragique de la lutte de l'esprit contre la matière (1). Une sorte de drame à la Bernard Palissy, mais enrobé, édulcoré, enlisé dans la complication collective de notre XXe siècle. Nous allons donner un aperçu succinct des procédés employés pour obtenir des projections cinématographiques en couleurs. Nous verrons qu'à défaut de résultats parfaits, l'ingéniosité et le labeur qu'ils ont nécessités méritent tout au moins le respect. Nous nous placerons alors à un autre point de vue, et nous nous demanderons si ce labeur est justifié, autrement que comme une vaine tentative pour flatter les goûts, somme toute grossiers, du grand public. Qu'est-ce que l'art du cinéma a à gagner à l'adjonction de la couleur? Je sais que beaucoup sont tentés de répondre : rien, rééditant ainsi, dans un domaine différent, l'incompréhension qui accueillit le film sonore. La couleur ne se présente certes pas avec le caractère révolutionnaire qu a eu celui-ci et qu'aurait dans l'avenir la télévision. C'est un simple enrichisse (I) On lira avec fruit à ce sujet les articles si courageux ce M. A. P. Richard, u.t des pionniers de celle aventure, partis dans La Cinématographie française. 64