La Revue du Cinema (1931)

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Le Filmkurier justifie ainsi les grands espoirs que l'on fonde sur cette prochaine production de la Ufa : " Certes, les sommes d'argent destinées au plaisir sont actuellement plus faibles qu'autrefois. Mais, toujours dans les temps où la misère accable le plus cruellement les esprits, le public réclame non seulement du pain et du travail, mais aussi des distractions pour échapper à l'obsession de sa détresse. Il en est, et il en sera toujours ainsi. » Ces phrases expriment parfaitement l'esprit qui a inspiré le programme actuel de la Ufa. Il n'est, sans doute pas blâmable en soi de faire des films qui nous donnent cette distraction tant désirée. La question est seulement de savoir si les esprits accablés appellent simplement la distraction. C'est là que m'apparaît l'erreur fondamentale de la nouvelle production. Elle néglige trop complètement les aspirations intellectuelles du public, son désir de s'instruire, de s'éclairer. Que ces besoins existent, cela est surabondamment prouvé par le succès des films qui traitent des problèmes actuels. La Ufa, en renonçant à établir dans les cadres de sa puissante production des films d'actualité qui touchent réellement aux intérêts vivants des masses en détresse, prouve un aveuglement que 1 on peut difficilement approuver. La distraction est agréable, elle est peut-être même utile, mais si elle devient un leit-motiv et écarte toute recherche d'enseignement, ses heureux effets sont entièrement faussés. Pendant qu'elle occupe les esprits abattus, les nuages s'amoncellent, la dure réalité devient plus impérieuse, et la détente que l'on apporte au public risque de conduire à son aveuglement. Puisque la Ufa met tant de prix à la variété de ses programmes, elle avait doublement le devoir d'offrir, à côté des films faits uniquement pour distraire, des histoires susceptibles d'apporter aux masses des éclaircissements sur les conditions de leur existence et de les rendre ainsi plus clairvoyantes. L'homme qui réclame du pain et du travail a besoin encore de savoir où il va et comment il doit diriger sa vie. Que l'on ne dise pas que j'émets là de trop hautes prétentions. L'industrie cinématographique américaine — sans parler des Russes — nous a parfois présenté des films qui pénétraient très profondément dans la réalité de notre existence. Je pense à des œuvres comme Les Damnés d i Cœur, La Foule, Deux jeunes cœurs. Pourquoi la Ufa ne suivrait-elle pas les Américains dans cette voie? Pourquoi, cette année encore, nous prive-t-elle de films sur l'actualité allemande, en se limitant strictement à cette recherche vaine de notre stérile distraction? S. Kracauer. Traduit de l'allemand, par Marie Elbé. 71